J’ai fait les 24 heures de la voile 2019 (22h en réalité)
août 21, 2019Cela fait une bonne semaine que la régate des 24 heures de la voile 2019 a eu lieu. Pourtant, je ne t’ai toujours pas raconté mes aventures durant cette édition comme j’ai fait avec la précédente… Même si s’occuper de Passion Voile n’est pas réellement un travail pour moi mais plutôt une activité qui me passionne, il fallait bien que je prenne des vacances pour me remettre les idées en place après 4 semaines de formation pour devenir moniteur de voile!
Bref, changeons de sujet. Ces 24 heures de la voile étaient un peu particulières puisque la compétition n’a en réalité duré que… 22 heures! Les visiteurs auront pu patienter deux bonnes heures avant de voir le départ. Ils auront pu remarquer aussi que de nombreux bateaux ont abandonné (temporairement et définitivement) très rapidement la course dû à des casses engendrées par un vent très intense que nous avons subi durant TOUTE la compétition. D’ailleurs, nous faisons partis de ceux-là. Pose-toi confortablement et prépare-toi à lire mes aventures durant les 24 heures de la voile 2019 avec Louis Bétermier, Pierre Williot et Alan Billard!
H-7 avant le début de la course
Je vous épargne tous les préparatifs que nous avons dû réaliser pour cette compétition. Je peux quand même donner un chiffre clé qui les résume bien : nous avons investi dans 70€ de matériel juste pour cette course. Nous nous sommes également munis d’une grand’voile Olympic Sail R15 neuve, d’un foc latté et d’un spi avec une seule navigation dans les pattes et qui craque encore!
Après nous être inscrits (nous étions le numéro 12), nous décidons de nous rendre à un hôtel qui allait être notre logement durant la nuit de la compétition. Eh oui, un hôtel! Louis a cru bon (et à raison!) de prendre un hôtel pour que l’on puisse être tranquille pour se reposer. Je peux dire que je n’avais jamais aussi bien dormi durant les 24 heures que durant cette édition. Pourquoi ? Tout d’abord parce que nous n’avons pas eu a supporter la fête des 24 heures, mais surtout parce qu’on a pu prendre une douche entre chaque quart (un pur bonheur juste avant de dormir).
Ce n’était pas les 24 heures de la voile 2019, mais les 22h.
À la base, la régate devait se dérouler le 10 et 11 août de 15h à 15h. La Fédération Française de Voile avait annoncée un BMS (avis de tempête) sur le samedi jusqu’à 15h. Pile à l’heure du départ. Donc le comité de course a décidé de décaler le départ à 17h ce qui réduisit donc le temps total de course vu qu’il n’est pas possible décaler l’heure d’arrivée. Pour l’organisation, nous avions donc décidé de faire du 3-3-4-4, en commençant par des petits quarts pour survivre aux conditions.
Au vu des conditions (25 à 40 nœuds dans les claques), on a tout de suite vu le décalage comme un bon choix. On a même pensé qu’il aurait été judicieux de décaler le départ encore plus vu que Windguru affichait encore 23 bons nœuds à 20h… Et je pense que nous avions raison, même si ça n’a pas évité la suite.
« C’était le départ le plus chaotiques de mes quatre éditions des 24h! »
En voyant que Windguru ne se trompait pas, nous avons décidé avec Alan de laisser pour la première fois, en 4 ans, le départ à notre second équipage! La raison était plutôt évidente, Pierre et Louis pèsent au total 125kg alors que nous frôlons les 115kg! Et puis il ne faut pas se mentir, Pierre et Louis, qui sont tous deux majeurs, ont clairement plus d’expérience que nous à la voile.
Même si ce choix était judicieux, ça n’a pas été suffisant et nous n’avons pas pu éviter la catastrophe. Pierre et Louis réussirent à s’engager à la deuxième position très proche du premier au bout d’une heure avec un départ à la sixième position. Alan et moi étions perchés sur un caillou avec une paire de jumelles à la main pour repérer d’éventuels problèmes… L’écoute de foc lâcha au bout d’une heure, mais Pierre régla le problème rapidement et nous n’avions pas perdu de place.
Après 1h30 d’observation, nous décidons de rentrer dans notre hôtel pour nous reposer jusqu’à 20h pour commencer notre quart en forme. Sur la route vers l’hôtel, le PC course lança une annonce :
« Le bateau 12 a un problème de drisse… »
Le stress, ainsi que l’incompréhension, montèrent instantanément. Nous ne savions pas où est-ce qu’ils étaient, qu’est-ce qu’on devait faire, si ils avaient besoin de nous ou non et est-ce que nos 24h touchaient à leur fin. Tant de questions qui nous poussèrent à courir le plus vite possible vers la Grève Blanche pour retrouver l’équipage. Après 10 bonnes minutes de sprint entre les touristes, on retrouve Pierre et Louis avec le bateau prêt à repartir. D’un côté, j’ai été très content de savoir qu’ils ont pu repartir rapidement, mais d’autre part j’étais ennuyé de savoir que nous venions de gâcher beaucoup de notre énergie pour rien.
Après l’écoute de foc et la drisse de grand’voile, le …
Je ne sais pas pour quelle raison nous avons été maudits durant cette régate, mais on n’a pas été épargné une seule seconde. Alors que cela ne faisait qu’une dizaine de minutes que notre bateau était reparti sur l’eau, Pierre arriva en sprint sur la Grève Blanche. Les premiers mots qui sont sortis de ma bouche à ce moment ont été :
Non, non, non… putain nan!
Alan n’arrivait même pas à croire que c’était Pierre vu la vitesse à laquelle il était arrivé. Il nous annonce que durant la réparation de la drisse du spi ils ont du faire dessaler le bateau et que dans la manœuvre, le shore break (vague très puissante près du bord) a bloqué le stick dans le sable ce qui a brisé la barre du gouvernail. Topo : Le bateau est inutilisable et le gouvernail est irréparable. Conclusion ? On abandonne ? On continue ?
Le gros moment de doute…
Dans un premier temps, j’ai cru que c’était la fin de la régate pour nous. Nous nous sommes rendu à l’école de voile de Trégastel pour tenter désespérément de récupérer un safran. En vain bien entendu vu que l’école ne possède pas de 420. Et c’est à ce moment où nous avons vraiment douté.
Je n’ai pas honte de le dire mais, j’ai été le premier à dire que c’était terminé pour nous, qu’on avait déjà perdu trop de temps et que c’était inutile de tenter quelque chose. Mais je remercie Alan et Gaelle LRX de m’avoir en quelque sorte poussé à terminer cette compétition de l’enfer.
La seule solution qui se présentait à nous était de se rendre à la base nautique de l’île Grande pour récupérer un safran. Était-ce un bon choix ? Et bien le temps de trouver une voiture (merci Gaelle du fond du cœur), de se rendre à l’île Grande, de récupérer les clefs et de trouver un safran, nous avons été immobilisés plus d’une heure et demie! Pour la faire simple, nous sommes passés de la 2nd position à la… 36ème! Pour des personnes habituées à la compétition, ce fut une torture de subir ce résultat!
Tomber pour mieux se relever
Une fois les problèmes réglés, Louis et Pierre ont pu reprendre la compétition. Notre seule motivation était que désormais, on ne pouvait plus que remonter. L’objectif était donc de réussir à retourner dans les 10-15 premiers avant la fin de la course.
Nous avions un avantage qui nous a permis de remonter encore plus facilement : nous sommes de gros bourrins dans le vent fort. Et la chance nous souriait puisque nous avons été servis durant ces 22 heures. Je parle pour Pierre et Louis comme pour Alan et moi. Nous n’avons pas hésité à pousser le bateau à son maximum. Cela nous a d’ailleurs coûté une latte de notre foc lattée.
« Les 24 heures de la remontada »
Toutes les 5 heures environ, nous récupérions entre 5 et 10 places. À 23h nous étions 28ème, puis 22ème à 3h, 18ème à 7h, 14ème à 11h puis finalement 11ème à même pas un tour des 10èmes! Durant toute la course nous nous battions avec les premiers, en sachant quand même qu’ils avaient déjà une dizaine de tours d’avance dû à notre immobilisation. Cette performance nous a ainsi prouvé que nous aurions pu facilement faire le top 3 sans ces péripéties. Elle nous prouve également qu’il est important de prévoir un double de l’ensemble de matériel pour être ainsi préparé à toutes les éventualités.
Mes ressenties dans tout ça ?
En un mot : La fatigue. De toute mes éditions, je n’avais jamais été autant rincé! Tu te rappelles lorsque je disais qu’on avait décidé de laisser le départ à Pierre et Louis ? En faisant cela, nous avons dû assumer le pire quart des 24 heures de la voile : le 3h – 7h. Ceux qui ont déjà fait au moins une fois les 24 heures savent de quoi je parle. Durant ces 4 heures on est souvent très fatigué, que se soit physiquement ou mentalement. On peut d’ailleurs noter que c’est durant ce quart qu’on voit le soleil se lever. C’est à ce moment qu’on se rend compte que cela fait longtemps qu’on est sur l’eau!
Je suis très fier d’avoir quand même pu terminer les 24 heures de la voile 2019. C’est déjà un énorme défis rien que de les faire! Cette 47ème édition était très intense en émotions. Je meurs déjà d’envie d’être à l’année prochaine pour pouvoir retenter la régate. Et cette fois, nous seront dans le top 3 pour sur.
P.S : Félicitation à toute l’organisation pour avoir réussi à assurer la sécurité durant 22 heures grâce à une équipe de sécu présent sur l’eau en continu! Ça n’a pas du être facile pour eux de rester des heures assis dans une sécu sans rien faire!
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Bonjour,
Je considère que même 22 heures en mer cela doit vous demander beaucoup de concentration. Je trouve aussi que les photos que vous avez partagées dans cet article reflètent la passion de tous les participants de cette régate. C’est vraiment magnifique de voir que vous vivez votre passion à fond.