Prendre un bon départ de régate en 3 points
septembre 4, 2019Après avoir participé au championnat de France Espoirs en 420, j’ai remarqué à quel point il était important de savoir prendre un bon départ sur une régate. J’en ai discuté avec des entraîneurs de voile tel que René, un entraîneur du Pôle Espoir de Brest en 420. Et je suis désormais en mesure de te proposer 3 points à travailler pour prendre un bon départ. Je te donne aussi quelques exercices pour pouvoir bien réussir tes départs.
Certains pourraient se demander qu’est-ce que j’entends par « prendre un bon départ », et c’est très légitime. Réussir son départ c’est réussir à être calé au près avec de la vitesse au top départ. Il faut aussi essayer de ne pas avoir de bateaux devant soi pour ne pas être déventé par ces derniers. Prendre un bon départ c’est également être au bon endroit sur la ligne (comité ou viseur).
Il y a tout un tas d’astuces et de techniques pour y parvenir. Donc ne perdons plus de temps et commençons avec le premier point à connaître dès maintenant!
1 – Partir lancé sur la ligne
Avant tout, qu’est-ce que ça veut dire « partir lancé » ? Cette expression signifie qu’au top départ, un bateau est au près, à plat et avec de la vitesse. Dit comme ça, on pourrait donc croire qu’il est simple de partir lancé, mais croit moi, ça ne l’est pas forcément.
Pour avoir de la vitesse au près au top départ il faut avant tout être légèrement abattu environ 10 secondes avant le départ avec une écoute choquée d’une trentaine de centimètres pour prendre de l’élan. Cette action va permettre de gagner de la vitesse rapidement. Au top départ il faut ensuite donner un coup de lofe tout en rebordant la grand’voile. Le bateau peut se mettre à gîter, se sera le bon moment pour donner un « coup de rein » pour ramener le bateau à plat et pour se propulser davantage.
La difficulté est d’avoir de la place pour abattre généreusement. Sur une ligne de départ bien serrée, tous les bateaux sont collés les uns les autres et il est très difficile de se lancer. En effet, un bateau à le droit de faire lofer les bateaux à son vent jusqu’au face au vent. Il a la priorité. Pour réussir à avoir de la place, il faut essayer de mettre le plus d’écart entre le bateau sous son vent et le sien. Du coup, il va falloir essayer de se rapprocher le plus du bateau à sa droite, à son vent. Il existe différentes tactiques pour arriver à ses fins :
- Les coups de barre du côté de la voile avec de la contre-gîte ; C’est un bon moyen de se rapprocher du bateau au vent. Mais c’est également une manœuvre très délicate puisque si on ne fait pas attention, le bateau peut partir à la marche arrière.
- Une courte marche arrière avec coups de barre du côté de la voile ; Cette astuce est, elle aussi, à utiliser avec précaution. Elle permet de se rapprocher du bateau au vent très efficacement mais il ne faut pas oublier de pomper la voile en fin de manœuvre pour ne pas continuer en marche arrière. Il est important de savoir que lorsqu’on est en marche arrière, on perd toutes priorités. Tous les bateaux autour ont la priorité. Ils peuvent très bien protester s’ils sont dérangés par le bateau en marche arrière. Je déconseille alors d’utiliser cette technique dans les 30 dernières secondes pour ne pas avoir de surprise.
- Un double virement ; S’il y a au moins 4 mètres entre soi et le bateau au vent, il est possible de réaliser deux courts virements à bascule pour remonter sur la ligne. Le danger est de gêner ce bateau durant la manœuvre.
Il faut aussi prêter attention aux retardataires qui ne sont pas encore placés sur la ligne. Certains peuvent tenter de s’introduire entre deux bateaux. Ils vont donc prendre la place qui était normalement réservée au bateau au vent pour abattre et se lancer. Pour éviter cela il y a deux moyens très… humains :
- Donner des coups de barre pour laisser entendre qu’on est en train d’abattre pour qu’il suppose qu’il n’aura pas la place d’abattre. Pour ne pas perdre sa place au vent, il faut donner de petits coups de barre violents en restant bien bordé pour empêcher le bateau de réellement abattre.
- Hurler, tout en restant poli puisque la vulgarité est déconseillée. Un jury témoin peut pénaliser pour ça.
2 – Ne pas être au-dessus de la ligne
Pour prendre un bon départ, encore faut-il ne pas être disqualifié dès le début! Mais avant tout, identifions bien tous les moments où l’on ne doit pas être pris au dessus de la ligne :
- Sous black ou sous U une minute avant le départ; Après l’affalée de l’un de ces deux pavillons à la minute, il n’est plus autorisé d’être dans le triangle entre le viseur, le comité et la bouée au vent sinon ce sera la disqualification (BFD ou UFD) pour cette manche.
- Au top départ sous un pavillon autre que le black et le U; Si un ou plusieurs bateaux sont pris au-dessus de la ligne au top départ, le pavillon X (individuel) est envoyé. Les bateaux concernés doivent alors repasser la ligne le plus tôt possible pour pouvoir être classés sur la manche sinon ils seront disqualifiés (DSQ).
Petite précision : si un bateau est pris au-dessus de la ligne dans la minute ou au départ sous le signal préparatoire I, il devra revenir sous la ligne en contournant l’une ou l’autre des extrémités de la ligne. S’il est pris dans le triangle dans la minute ou au départ, il devra repasser sous la ligne mais il sera quand même pénalisé de 20% des places sur son résultat.
Mais en fait, à quel moment notre bateau est considéré au-dessus de la ligne ?
un internaute
Eh bien c’est très simple! À partir du moment où une partie de ton bateau est au-dessus de la ligne, l’ensemble est considéré comme au-dessus. Précisons que la ligne de départ est virtualisée par les deux drapeaux oranges situés sur le comité et le viseur.
De toute façon, pour ne pas se retrouver dans cet embarras, il n’y a pas 36 solutions. Il ne faut pas être au-dessus point barre. Il existe d’ailleurs un bon exercice pour s’entraîner à visualiser la ligne. J’en parlais dans la seconde édition de la rubrique des exercices pour progresser en dériveur.
But de l’exercice : il faut essayer de se placer le plus vite possible sur la ligne. Une fois que l’on pense être bon, on demande la vérification d’une personne postée sur le comité et qui tient l’axe entre les deux drapeaux oranges (qui définissent la ligne). Cela permet de voir si tu arrives bien à visualiser ton bateau sur une ligne. Tu peux retenter l’exercice plusieurs fois pour bien t’accommoder au placement sur un départ.
Il existe aussi une astuce très simple que tout le monde devrait utiliser pour s’assurer de son placement : Les repères à terre (j’en parle ici). Il faut prendre un détail marquant à terre (maison, arbre, pierre, etc…) qui est aligné avec le comité et le viseur. Cette astuce n’est pas réalisable sur 100% des plans d’eaux puisqu’il n’y a pas forcément la terre dans la prolongation de la ligne.
3 – Être du bon côté sur la ligne de départ (comité ou viseur)
Il est possible de temps en temps que la ligne soit avantagée d’un côté. Normalement, une ligne doit être neutre, c’est-à-dire qu’elle est bien perpendiculaire à l’axe du vent. Dans ce cas là, le mieux serait de partir du côté du comité pour être tribord et avoir la priorité sur ceux qui partent bâbord.
Il arrive que la ligne ne soit pas neutre. Encore faut-il savoir comment le déterminer. Il y a une petite technique simple qui se décline en deux façons :
L’objectif est de tester un départ sur les deux bords de la ligne (comité et viseur). En faisant cela, on remarquera rapidement sur quel bord on remonte le plus au vent. En principe, on pourra voir que l’on longe plus la ligne sur l’autre bord.
Il est possible de faire ce petit exercice avec un autre bateau. Pour cela, les deux bateaux doivent démarrer un compte à rebours en même temps pour partir au même moment chacun d’un côté de la ligne. Le côté favorable sera celui emprunté par le bateau qui sera au-dessus de l’autre au croisement des deux. Pour que l’exercice soit bien valable, il faut que les deux bateaux aient été réglés correctement précédemment.
Une fois que tu connais le côté favorable de la ligne, il faudra essayer de se placer le plus rigoureusement possible (ni trop tôt, ni trop tard) pour pouvoir garder ça place. De manière générale en 420, les bateaux commencent à se placer vers 1m15. Une fois placé, l’objectif est de garder de la place pour abattre tout en restant le plus près possible du côté favorable.
Pour aller encore plus loin…
Si tu souhaites apprendre d’autres astuces sympathiques sur la voile je t’invite à prendre connaissance de la catégorie « Progresser à la voile« . Tu y trouveras des dizaines d’articles pleins d’astuces et de conseils pour devenir encore plus bon que tu ne l’as jamais été!
Je parle aussi des départs sur ces articles :
- 5 réflexes à adopter sur l’eau juste avant un départ
- Progresser en dériveur : 5 exercices pour y parvenir #1
- Progresser en dériveur : 5 exercices pour y parvenir #2
- 3 points essentiels pour progresser en dériveur double
Tu peux rejoindre dès aujourd’hui la communauté des voileux sur la page Facebook de Passion Voile ou encore sur l’Instagram du site. Et toi, quel conseil nous proposerais-tu pour prendre un bon départ sur une régate? Dis-le moi dans l’espace commentaire ci-dessous!
Tu penses être à jour sur les règles de course ? Alors test-toi avec ce quiz spécial départ :
Qui est en tort ?
Le bateau rouge établit sa priorité sur le bleu en s'engageant sous son vent. Le bleu a eu assez de temps pour se maintenir à l'écart mais ne l'a pas fait. Il enfreint la règle 11.
Est-ce que la réclamation est valide ?
La réclamation n'est pas recevable puisque le bleu à le droit de faire lofer le rouge jusqu'au bout au vent puisqu'ils sont tous deux engagés (la règle 11 s'applique). Le bateau bleu doit tout de même vérifier que le rouge à la place pour se maintenir à l'écart (règle 16).
Est-ce que le bleu doit laisser de la place au rouge?
Le bateau rouge doit se maintenir à l'écart du bleu puisque la règle 18 ne s'applique pas dans le cadre d'une marque de départ (ici le comité) entouré d'eau navigable. C'est donc la règle 11 qui s'applique (bateaux engagés + sur le même bord). Les voileux disent souvent pour comprendre rapidement qu'"il n'y a pas d'eau au comité."
Le bateau bleu est-il en tort ici ?
Le bateau bleu s'est engagé par l'arrière du bateau rouge (engagement en étant route libre derrière) et n'a donc pas le droit de naviguer au-delà de la route normale. C'est-à-dire qu'il ne peut pas lofer plus qu'au près puisqu'il est tenu de suivre la route la plus rapide pour se rendre à l'étape de son parcours (définition route normale). Cette règle ne s'applique cependant pas avant le départ puisqu'on ne parle pas de "route normale" durant la procédure.
Lequel des deux auraient raison de protester?
Le bateau bleu doit se tenir à l'écart (règle 22.1) puisqu'il n'a pas prit le départ.
Qui est en tort ici ?
Le bleu n'a pas le droit (selon la règle 16.1) de lofer aussi tard sur le rouge sachant que ce dernier n'a pas la place de se maintenir à l'écart. En effet, même si l'action est prévisible, rien n'oblige rouge à la conjecturer.
Faut-il réparer ici ? Si oui, qui doit réparer ?
Dans le cadre d'un rappel général, toute infraction se déroulement durant le rappel n'est pas pénalisante (règle 36). Rouge peut cependant réclamer réparation en cas de dommage important (62.1(b)) puisqu'il n'a pas enfreint de règle.
Est-ce que le bleu à la priorité sur rouge?
Le quai ici représente un obstacle fixe et continu. Le rouge est donc en mesure de demander de la place (règle 19.2(b)).
La faute est-elle réparée ?
Lorsqu'un bateau touche une marque, il doit, selon la règle 44.2, effectuer un empannage et un virement de bord (autrement dit un 360).
Qui est en tort ici?
Le bateau bleu perd sa priorité dès lors que le rouge se retrouve sous le même bord que lui (la règle 11 s'applique donc). Il doit donc se maintenir à l'écart.
Pas d’accord ! La route « normale » de bleu, prioritaire sous le vent, est de franchir la ligne de départ, même si c’est au prix d’un bord « breton » … ce qu’il a fait en étant sur la même amure que rouge ; et ce dernier avait la place de se maintenir à l’écart, ce qu’il n’a pas fait